Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/226

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— Mais, moi non plus, je ne puis pas te recevoir, dit-il !

— Jeanne répliqua, très ferme : eh bien dame alors, que veux-tu ? Nous resterons bons amis, il n’en sera que ça.

La pensée qu’il revoyait Jeanne maintenant pour la dernière fois l’accabla ; il perdit la tête et proposa de louer une chambre d’hôtel.

— Oh non, par exemple, cria la petite, non, je te connais ; tu as besoin de ton chez-toi, tu ne viendrais qu’à contre-cœur aux rendez-vous, et moi aussi ! Nous nous fâcherions ; non, il est bien plus simple que nous en restions là ! – Et elle ajouta, après un silence : tu n’es pas marié, tu habites chez toi et tu ne peux pas m’amener ! tu as donc une autre femme ?

Il jura ses grands dieux que non.

— Alors je suis compromettante ?

Il jura de nouveau que non.

— Eh, bien, qu’est-ce qui t’empêche ?

Il débita des raisons vagues : sa maison était bégueule, son concierge désagréable, ce serait toute une histoire si une femme montait chez lui. Ce n’était plus, hélas ! comme jadis !

— Oh ! toi, tu n’as pas changé, fit-elle vivement, tu as toujours peur de tout, tu te fais des monstres de rien ; ah bien, si j’étais homme !

Il rougit, de plus en plus décontenancé. – Comment faire, balbutia-t-il ? – Puis il crut habile de retourner les arguments de Jeanne contre elle.