Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/236

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dit-il, essayant de la distraire de ses pensées tristes.

Elle eut sous son voile un sourire pâle. André commençait à être mal à l’aise. Heureusement qu’ils avaient atteint sa rue. Il remit à Jeanne l’enveloppe, entra rapidement, escalada les cinq étages et, là, penché sur la rampe, il attendit.

Un petit bruit sec de pas retentit bientôt au loin à des profondeurs de cave, sur le dallage du vestibule, puis le bruit devenu presque aussitôt plus sourd monta dans la cage de l’escalier, s’approchant, accompagné d’un petit vibrement de rampe remuant sur ses barreaux et d’un frou-frou de linge empesé ratissant les marches. André ne voyait rien ; les becs de gaz, placés au-dessous de lui, séparés les uns des autres par deux étages, l’aveuglaient sans rien éclairer.

Jeanne émergea enfin sur le palier du quatrième, s’avança en pleine lumière, essoufflée un peu d’avoir grimpé si vite. Il toussa légèrement ; elle leva le nez et ils se sourirent sans parler ; elle arriva près de lui enfin ; il la prit par la taille et la poussa dans sa porte qu’il referma tout de suite sur eux. – Alors toutes ses agitations cessèrent ; il était chez lui, libre.

— Le concierge ne t’a pas questionnée, murmura-t-il en allumant sa bougie ?

— Il ne m’a pas aperçue. J’ai filé tout doucement devant la loge. Il lisait un journal et il n’a même pas bougé la tête !

— Allons, tout va bien ; dêbarrasse-toi de tes affaires