Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/246

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la poudre de riz et le peigne, dans la chambre à coucher, se croyant plus à l’abri près du jeune homme.

Celui-ci pensa encore qu’il ferait bien de se lever et d’exécuter, sous un prétexte quelconque, une reconnaissance du côté de la cuisine. Il éprouvait pour l’instant une fermeté virile ; il voulut profiter de ces dispositions et il chaussa ses pantoufles, d’un air belliqueux, résolu à livrer bataille.

Il rôda dans la salle à manger, feignant de chercher son journal et il aperçut, par la porte grande ouverte de la cuisine, le dos de Mélanie et ses coudes battant, en mesure, au-dessus du fourneau, attisant avec un soufflet les braises.

Elle se retourna et lui souhaita le bonjour.

— À quelle heure Monsieur déjeune-t-il ? demanda-t-elle d’un ton gracieux ; – et elle montra à André, criant triomphalement : hein ? sont-ils beaux ! – des rognons violâtres et vernis, durs et élastiques, repoussant le doigt qu’elle y appuyait.

— Mais dame, dans un petit quart d’heure, répondit André, un peu ennuyé, malgré tout, de ne pouvoir user de la bravoure provisoire qui l’animait.

Il s’en fut retrouver Jeanne occupée à faire chauffer des pincettes pour se friser. Elle était maintenant presque vêtue et se voyant propre et couverte, elle reprenait un peu d’assurance, redoutant moins le premier coup d’œil de la bonne.

— As-tu faim ? lui dit André.