Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/249

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Celle-ci remercia, ayant presque envie de pleurer, mais cette gracieuseté ne la ragaillardit guère ; elle s’effaça davantage, honteuse de ces attentions.

— Sont-ils bons les rognons, questionnait André ?

— Mais oui, très bons.

— Eh bien, tends ton assiette, et il plongea la cuiller dans le plat.

Mais Jeanne résista.

— Je n’ai plus faim, non, vrai, là, tu sais, je ne suis pas une grosse mangeuse.

Il fit de nouveau sonner le timbre.

La petite se replongea le nez dans son assiette.

Mélanie apporta des choux-fleurs gratinés et voulant être, à tout prix, aimable, elle demanda à Jeanne dont la timidité l’étonnait, si la chaufferette était chaude.

— Mais oui, Madame, vous êtes bien bonne, dit-elle, en levant un peu les yeux.

Lancée sur cette voie, Mélanie s’ingénia à découvrir de nouvelles attentions gracieuses ; n’en trouvant point, elle s’en alla.

Jeanne était, à ce moment, torturée par une cruelle angoisse. Elle exécrait les choux-fleurs qui lui étaient contraires, comme elle l’avoua à André plus tard et elle ne voulait pas cependant refuser d’en prendre. Elle supplia seulement le jeune homme de lui en donner à peine et elle se força à les manger, buvant, après chaque bouchée, une rasade d’eau rougie, n’osant rien laisser sur l’assiette de peur de blesser la bonne.