Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir, convint, sans que personne eût mis le fait en doute, qu’elle ou son mari, tous les deux peut-être, étaient stériles ; puis, malgré l’opposition de Jeanne, elle s’empara de ses chaussures, déclarant qu’elle ne consentirait jamais à ce que Madame tachât ses jolis doigts et elle fit reluire les brodequins d’une telle façon que les bottines d’André proprement cirées à l’ordinaire, semblaient, en comparaison, des savates ternes et souillées. Elle poussa même le raffinement jusqu’à faire chauffer les brodequins, près du feu, les talons en l’air.

Un peu surpris, malgré tout, de cette soudaine tendresse, André chercha quelle pouvaient bien être les intentions de Mélanie ; il ne tarda pas à les connaître, un jour que rentrant chez lui, il trouva les deux femmes assises, dans la salle à manger, devant une table ; Jeanne bâtissant une robe pour la bonne, lui attachant les papiers de son patron, comme des affiches, le long du dos.

Il ne dit rien, pensant toutefois que Jeanne allait être largement grugée ; il commença seulement à se défier de l’intimité des deux femmes, un samedi où Jeanne manifesta le désir d’aller dîner, le lendemain, dans un restaurant.

Il fut très étonné de cette fantaisie, sachant que d’habitude elle n’aimait pas se promener avec lui, de peur d’être rencontrée par les amis de son autre amant ; il la questionna et elle finit par avouer que Mélanie souhaitait d’avoir campos. – Je me chargerai de la cuisine, si tu ne veux pas te déranger,