Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/261

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en riant. Voilà une bonne note à prendre sur les ateliers de confection.

— Comment une note à prendre ! Ah oui, c’est vrai, tu écrivais dans le temps. Oh mais, ne va pas mettre ce que je te raconte, dans tes livres, parce que tu sais ! Mais, je suis bête, tu n’oserais pas écrire des choses semblables !

— Tu verras, dit simplement André.

Jeanne haussa les épaules et reprit : alors tu travailles dans les journaux ?

— Non. Voici plus de trois ans que j’ai renoncé au journalisme et il continua, parlant plus à lui-même qu’à la petite : j’avais assez des directeurs, un tas d’icoglans qui veulent commander et diriger la virilité des autres ! J’aurais bien dû par exemple, avant de rendre mon tablier, démontrer dans un sincère article la parfaite inutilité de la critique ; mais voilà, j’aurais commis, aux yeux de mes confrères, une hérésie pécuniaire ; ces imbéciles n’auraient même pas compris combien mon idée était humaine : je débinais le métier qui m’aidait à vivre ! – ce que nous sommes en train de faire tous les deux, poursuivit-il, en se tournant vers Jeanne.

Il se tut, pris de mélancolie et de dégoût. Depuis des mois, il ne travaillait guère. Il traversait une période de découragement et d’abandon, se remâchait les terribles arguments de l’homme de lettres, las de travail et soûlé d’art. À quoi bon ! Quelle nécessité ! Il faut lire les ouvrages des autres et n’en pas écrire. Puis dans ce laisser-aller, dans cette déroute, le