Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/285

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ment repoussé, lui apparut comme un havre, comme une Sainte Périne, soignant les impotents et les infirmes. J’aurais dû me mettre avec Jeanne, se dit-il. Ah ! si elle revient ! – Et il sourit tristement, sachant bien qu’elle se créerait une existence là-bas, que jamais plus, sans doute, il ne la verrait.

Pauvre chérie, murmura-t-il, elle est loin maintenant, et il s’oublia en elle, s’identifiant pour une seconde avec son sexe, cousant à Londres, au milieu d’un atelier éclairé par des vitres troubles, sous un jour louche, dans un boulevari de paroles inconnues ; et, sans transition, rappelé à lui par sa pantoufle qui butait sur le plancher, il se retrouva, tout abêti, rue Cambacérès, tandis que de bruyantes lamentations montaient de nouveau dans son âme, conduisant le deuil de cette vie, traversée d’amours, incomprises, d’opiniâtres chagrins et de joies brèves.

Puis, comme pendant une messe funèbre une voix se lève, douce et triste dans le silence de l’église, quand l’orgue s’est tu, une voix s’élança plaintive, dans l’anéantissement de son âme, implorant de vagues miséricordes, d’incertaines pitiés, couverte bientôt, comme par la reprise des grandes orgues, par la véhémence de la crise juponnière qui éclata, débridant les plaies, les ouvrant toutes larges, arrachant les pansements posés par Jeanne.

C’était la fin ; les accidents tertiaires sortaient.

Après le ressentiment de l’outrage subi, les postulations courroucées et les amers regrets des caresses absentes, après les souvenirs ranimés des époques lointaines et ses