Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/290

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francs par planche ! Il n’y a vraiment pas matière à s’amuser comme vous semblez le croire !

Un repos suivit cette déclaration. Désableau, très pensif, roula son mouchoir et se le passa sans raison sous le nez.

— Ce n’est toujours pas pour m’acheter de la peinture qu’il est venu, songea le peintre.

La grosse femme qui avait ouvert la porte d’entrée arriva, sur ces entrefaites, et s’enfonça longuement dans un fauteuil.

Désableau devint plus gêné encore ; il regarda à la détourne la femme, n’osant l’examiner de face, louchant en dessous de son binocle, par politesse.

Elle lui parut par trop boulotte et par trop mûre ; ficelée avec cela comme un paquet, les joues ravitaillées avec du fard, les cheveux rongés par une raie à pellicules, les yeux pleins d’eau comme ceux d’une chienne, elle lui sembla tenir de la garde-malade, de la portière et de la raccrocheuse.

— Elle est décidément ignoble, pensa-t-il.

Cyprien s’impatienta de cet examen ; il dévisagea Désableau et lui dit :

— Mon cher monsieur, si vous avez quelque chose à me communiquer, il ne faudrait pas vous gêner parce que Mélie est là. – Elle est un peu curieuse, et il y a gros à parier que si je la priais de sortir, je serais obligé, après votre départ, de lui répéter notre conversation, mot pour mot ; il vaudrait peut-être mieux, dès lors, oublier qu’elle est là et causer tranquillement ensemble.