Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/291

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Cette explication ne diminua en rien l’embarras du visiteur qui, pour se prêter une contenance, souffla sur les verres de son lorgnon et les frotta soigneusement avec son mouchoir.

Le peintre se perdit en conjectures sur le motif de cette visite. Voulant rompre à tout prix le silence qui menaçait de se continuer, il demanda poliment des nouvelles de Madame et de Mademoiselle.

Désableau se dérida visiblement. Il laissa son pince-nez et répondit avec empressement :

— Mais, Dieu merci, toute la petite famille est en bonne santé… Ma femme, vous la connaissez, un cheval au travail, une âme d’élite partageant son affection entre sa fille et moi…

Il s’interrompit.

Le chat, brusquement, sauté des genoux de Mélie, se livrait à de folles cavalcades, galopant sous les chaises, se fichant sur le dos et gigotant, les quatre pattes en l’air, puis se relevant d’un tour de reins, cabriolant et sautant, l’air effaré, sur tous les meubles.

— C’est les puces, dit sentencieusement Mélie.

Désableau la regarda de travers et, rattrapant le fil de ses idées, il poursuivit :

— Oui, ma femme se porte comme un charme ; quant à la petite, elle est, comme vous le savez, d’une complexion délicate, mais enfin sa santé est aussi bonne que nous pouvons la désirer. Du reste, cette enfant-là donne bien de la satisfaction, c’est une nature droite comme celle de la mère ; jamais de punitions en classe et toujours première ; la maîtresse la cite ainsi