Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/315

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— Mon Dieu ! oui, fit Cyprien qui comprit l’ironie de ce rire ; c’est comme cela. Eh bien, après ? ça te semble drôle parce que tu m’as souvent entendu blaguer les gens qui se collaient. Ça ne prouve qu’une chose, mon cher, c’est que devant les femmes, il n’y a pas de gens malins, il n’y a pas de gens forts ; ceux qui déblatèrent le plus violemment contre elles sont ceux qui ont le plus peur et qui sont le plus sûrs d’être échaudés. Et c’est si vrai, qu’on peut, sans crainte de se tromper, émettre cet axiome : quand on est las des femmes et qu’on commence à crier de bonne foi qu’on les déteste, on peut graisser ses bottes et se faire donner le viatique. Le mariage et le concubinage sont là ; les désastres sont proches.

Maintenant, je dois ajouter pourtant que Mélie, – c’est le nom de ma femme, – est une brave fille, qu’elle a de sérieuses qualités, qu’elle remplit enfin toutes les conditions d’un dernier idéal qui m’était poussé : trouver une dame, mûre, calme, dévouée, sans besoins amoureux, sans coquetterie et sans pose, une vache puissante et pacifique, en un mot. Eh bien, l’excellente Mélie est tout cela, ou, je ne sais plus moi, elle ne l’est peut-être pas du tout, car enfin, comme tous les gens qui ont des maîtresses leur découvrent immédiatement un tas de qualités qu’elles n’ont pas, je suis peut-être devenu aussi nigaud qu’eux et je me chauffe sans doute le job ! baste ! ça ne fait rien, le résultat est toujours le même, conclut-il gaiement.