Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/328

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Et chacun s’enfourna deux assiettes et s’essuya avec dévotion la bouche.

— Elle est laide, mais elle a l’air bon enfant, la grosse mère, pensa André lorsqu’elle apporta une platée de choux, de navets, de pommes de terre et de carottes, et sur une autre assiette, une poitrine de mouton grillée, du lard et un saucisson obèse, avec de la ficelle à chaque bout.

Cyprien coupa la viande, et alors tous sourirent, le nez chatouillé par l’odeur du chou et par le fumet du saucisson.

— Ah ! mais, je demande à souffler ! s’écria André épouvanté par une nouvelle motte de choux que Mélie lui collait sur son assiette.

— Va donc, tu mangeras bien cela, dit Cyprien.

— Allons, un verre de vin, monsieur André, continua Mélie, et à notre bonne santé à tous !

— Ça va mieux, murmurait le peintre, la bouche pleine, je commençais à avoir l’estomac dans les talons.

— Moi aussi, et j’ai joliment bien dîné, haletait André qui desserrait furtivement la boucle de sa culotte.

— Allons, tant mieux, conclut Mélie, ça vous donnera envie de revenir, et ils attaquèrent, à son tour, le poulet froid, mais plus mollement.

— Il n’est pas bien tendre, dit la grosse femme ; les hommes ne savent pas acheter, mais avec une sauce à la moutarde et à l’huile, il passera tout de même.

André approuva l’usage de cette sauce puissante. Il