Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/337

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sombre, emperlés de gouttes claires aux bords, cachant le chapeau et le cou qu’ils abritaient, s’avançant sur des corps qui marchaient sans têtes.

Soudain, André se prit à rire, il se rappelait que, dans sa souveraine sottise, Mélanie vantant, le matin même, la forme tentante de ses appas, s’était amèrement plainte à lui que son époux ne la sollicitât pas davantage.

Ce souvenir le mit en gaieté, il rentra dans sa chambre et une convoitise de plaisirs l’agita, un désir d’aller s’amuser quelque part, dans un concert, dans un bal, n’importe où, bientôt suivi d’une sorte de désenchantement, parce que, seul, sans la compagnie d’un camarade, il se sentait incapable de les satisfaire.

Ah ! si cet animal de Cyprien n’était pas collé, je serais allé le chercher, pensa-t-il, nous aurions flâné, tous les deux, dans un endroit quelconque ; les choses les plus médiocres m’eussent semblé charmantes, dans la disposition d’esprit où je me trouve ; enfin, il n’y faut plus songer ; et cependant, comme pour tenter au moins de faire naître artificiellement, chez lui, le plaisir qu’il savait ne pouvoir naturellement éclore qu’en société et au dehors, il se livra devant sa bibliothèque à la recherche d’un volume qui fût à l’unisson de ses pensées. De même que pendant la période de la crise juponnière où il demandait à des livres l’apaisement de ses ennuis, il n’en découvrit point, la littérature s’étant peu, jusqu’à ce jour, occupée de ces sensations tristes ou joyeuses