Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/345

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gracieusetés un peu froides, les façons mesurées, jadis adoptées dans son ménage, parlant à sa femme câlinement ainsi qu’à une maîtresse – voyons, il ne faut pas pleurer. Dis, ris un peu, ma petite Berthe ; – et il l’écarta, lui mettant les mains sur les épaules, la contemplant, avidement, toute rose, les yeux gonflés, souriante dans ses larmes, balbutiant des mots sans suite, des paroles d’excuses et de pardons ; et il lui baisait la bouche, la suppliant de se taire, affirmant que, lui aussi, avait eu des torts.

— Ma pauvre mignonne, reprit-il, saisi d’un accès de gaieté nerveuse, parcourant la pièce, se frottant les mains, va, toutes nos bêtes de brouilles sont terminées. Essuie tes yeux, ma chérie, tiens, veux-tu de l’eau fraîche ? – Et il courut jusqu’au cabinet de toilette, versa dans sa précipitation la moitié du pot à l’eau sur le parquet, apporta la cuvette, la tint pendant que Berthe se bassinait les yeux, la posa enfin sur le tapis parce qu’elle était en terre de fer, très lourde, tandis que, toute penchée en avant, sa femme se mirait dans la glace, fourrageant avec ses doigts dans les frisettes de ses cheveux qui s’étaient chiffonnées sur le front, appuyant sur ses paupières enflammées, avec la paume de ses mains.

André lui enveloppa la taille et la força à s’asseoir près de lui sur le divan. Là, il l’accola, plus fort, humant dans son cou l’odeur de la chair moite, remuant avec la pointe de ses moustaches les boucles d’oreilles. Elle ne soufflait mot, mais elle le regardait en dessous et son corsage soulevé semblait aller plus vite.