Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XVI




Une fois par semaine, le mardi, André et Cyprien se réunissaient dans un café, vers les quatre heures. Ils furent exacts aux rendez-vous, le premier mois, puis tantôt l’un, tantôt l’autre manqua.

Celui qui attendait s’irrita devant son apéritif, et fatalement il attribua le manque de parole de son ami, André à Mélie et Cyprien à Berthe.

Chacun prit la femme de son camarade en grippe.

Du reste, une certaine froideur s’était glissée dans leurs relations ; André arrivait bien tout d’abord à l’heure, mais il partait presque aussitôt, alléguant de mystérieux prétextes, d’inévitables courses qui faisaient hausser les épaules du peintre, plus à l’aise, moins réprimé, dans son intérieur de concubin, qu’André dans son ménage approuvé, dans sa vie bourgeoise.

Du dépit et sans doute même un peu d’envie résultèrent pour André de cette supériorité de Cyprien, et un peu de pitié, un peu d’aigreur, vinrent au peintre de l’embarras d’André, de sa hâte continuelle à déguerpir.

Ils finirent bientôt par ne plus se rien dire, lors-