Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/356

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— La maisonnette est grande ? demanda Cyprien.

— Non, cinq pièces, mais elles sont commodément distribuées, c’est une vraie bicoque de petit mercier retiré des mauvaises affaires, des murs roses, des volets couleur de terre glaise avec un cœur découpé en haut dans le bois, une porte avec des vitres de couleur donnant sur le jardin et, tu vois ça d’ici ?

— Oui, et avec cela, autour d’une tonnelle, non loin d’une pompe à roue, les sempiternelles plates-bandes de géraniums et les non moins sempiternelles corbeilles de roses, séparées, par une ligne de buis, des allées saupoudrées de cailloux de rivière. Un tonneau, au fond du jardin, avec une grenouille rouillée, regardant le ciel ; dans un coin, la cabane nécessaire cachée par un lilas qui ne s’épanouit jamais ; enfin, contre la dite cabane, un monticule formé par les détritus des feuilles, des branches mortes, et par les tessons des pots de fleurs cassés, le tout surmonté par une ficelle sur laquelle voltigent un tablier de cuisine et une paire de bas. Si je vois ça ? mais je te dessinerais, ressemblance garantie, ta maison sans l’avoir vue !

— Oui, va, blague tant qu’il te plaira, fit André tu n’empêcheras pas que ce ne soit tout de même agréable d’être à Paris, perdu dans un petit faubourg, sans voisins, sans concierge, loin de la foule et loin du bruit.

— C’est le rêve qui vient aux gens épuisés après la trentaine, soupira Cyprien ; je l’ai eu comme tous les