Page:Huysmans - En rade.djvu/108

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en minute, précédées d’un cri ; des douleurs semblables à des commotions électriques filaient dans les jambes, s’évanouissaient ainsi qu’après la secousse crépitante de l’étincelle, revenaient, errant le long des cuisses, éclatant de nouveau en des décharges brusques.

Jacques s’assit, se sachant désarmé contre ce mal qui avait lassé toutes les suppositions, toutes les formules. Il se rappelait des consultations de médecins parlant d’affection incurable, de métrite, avouant sa marche continue derrière une adynamie aggravée par le repos et par les drogues, et toutes les cautérisations, toutes les saignées toutes les sondes, toutes les désolantes visites, toutes les abominables manœuvres que la malheureuse avait dû subir, étaient demeurées vaines.

Après être descendus dans les cryptes du corps où ils recherchaient les traces de cette sensation obtuse qui pesait habituellement sur la malade, les médecins, inquiets de ne rien trouver, changeaient de tactique, les uns après les autres, attribuaient au malaise de l’organisme entier cette maladie dont les racines s’étendaient partout et n’étaient nulle part. Ils prescrivaient les fortifiants et les toniques, essayaient du bromure à forte dose, recouraient, pour terrasser les douleurs, à la morphine, attendant qu’un symptôme leur permît de