Page:Huysmans - En rade.djvu/240

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fit Jacques, qui, penché hors du lit, examinait le museau révulsé de la bête et la rigidité de l’arrière-train.

Une fois de plus, le chat revint à lui et se souleva ; les traits se remirent en place, la gueule s’abaissa sur les dents, mais une pâleur très visible noyait la face et les regards faisaient mal tant ils décelaient un désespoir infini, une souffrance atroce.

Louise arrangea en bas du lit un jupon sur lequel il s’allongea. Il paraissait absolument exténué, à bout d’énergie, rendu, presque mort. Il poussait cependant devant lui ses griffes qui sortaient et rentraient dans les pattes crispées et il scrutait, avec des prunelles noires et vernies, la chambre.

Puis des râles crépitèrent dans la gorge qui se convulsa et les yeux se fermèrent.

— L’attaque est terminée, il va s’éteindre doucement, dit Jacques. Recouche-toi, tu vas à la fin attraper du mal.

— Si j’avais seulement du chloroforme ou quelque chose pour l’achever, je ne le laisserais pas dans de tels tourments, reprit Louise.

Ils restèrent, la lumière éteinte, sans voix, étonnés qu’un malheureux animal pût tant souffrir.

— Tu ne l’entends plus ? fit Jacques.