Page:Huysmans - En rade.djvu/39

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son crépi, mais les infiltrations y avaient dessiné, ainsi qu’avec des traînées d’urine, d’improbables hémisphères où des crevasses simulaient, de même que sur un plan en relief, des rivières et des fleuves et les renflements écaillés du plâtre, des pitons de Cordillières et des chaînes d’Alpes.

Par instants, tout cela craquait. Jacques se retournait précipitamment, éclairant le côté d’où partait le bruit, mais les coins sombres de la pièce qu’il explorait ne cachaient personne, et, de tous côtés, les portes qu’il entr’ouvrait laissaient voir des enfilades de chambres muettes et chancies, sentant la tombe, se pulvérisant lentement, sans air.

Il revint sur ses pas, se réservant, dès qu’il ferait jour, de visiter chacune de ces pièces en détail, se proposant de les condamner, s’il était possible. Il repassa dans les salles qu’il avait parcourues, se retournant, à chaque enjambée, car les murs s’étiraient et de nouveaux craquements se faisaient entendre.

Il s’énervait dans cette tension d’une recherche qui n’aboutissait point ; la lamentable solitude de ces chambres le poignait et, avec elle, une peur inattendue, atroce, la peur non d’un danger connu, sûr, car il sentait que cette transe s’évanouirait devant un homme qu’il trouverait tapi dans un