Page:Huysmans - En rade.djvu/48

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comme des chênes et des sumacs aux petites billes d’un violet noir, poissés tels que des cassis, emmêlaient leurs bras dans les têtes percluses de vieux pommiers, aux troncs écuissés, aux plaies pansées par des lichens ; des buissons de baguenaudes agitaient leurs gousses de taffetas gommé sous des arbres bizarres dont Jacques ignorait le pays et le nom, des arbres pointillés de boules grises, des sortes de muscades molles, d’où sortaient des petits doigts onglés, humides et roses.

Dans cette bousculade de végétation, dans ces fusées de verdures éclatant, à leur gré, dans tous les sens, les conifères débordaient, des pins, des sapins, des épicéas et des cyprès ; d’aucuns, gigantesques, en forme de toits pagodes, balançant les cloches brunes de leurs pommes, d’autres perlés de petits glands rouges, d’autres encore granités de bleuâtres boutons à côtes, et ils élevaient leurs mâts hérissés d’aiguilles, arrondissaient des troncs énormes, cadranés d’entailles d’où coulaient, pareilles à des gouttes de sucre fondu, des larmes de résine blanche.

Jacques avançait lentement, écartant les arbustes, enjambant les touffes ; bientôt la route devint impraticable ; des branches basses de pins barraient le sentier, couraient en se retroussant par terre, tuant toute végétation sous elles,