Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/106

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fort, si vous aimez mieux. Il vous a imprégné de chefs-d’œuvre mystiques ; il vous a persuadé et converti, moins par la voie de la raison que par la voie des sens ; et dame, ce sont là des conditions très spéciales dont il importe de tenir compte.

D’autre part, vous n’avez point une âme humble, une âme simple ; vous êtes une sorte de sensitive que la moindre imprudence, que la moindre maladresse d’un confesseur fera se replier sur elle.

Pour que vous ne soyez pas à la merci d’une impression fâcheuse, il y aurait donc certaines précautions à prendre. Dans l’état de faiblesse, de défaillance où vous êtes, il suffirait, pour vous mettre en déroute, de si peu de chose, d’une figure déplaisante, d’un mot malheureux, d’un milieu antipathique, d’un rien… est-ce vrai ?

— Hélas ! soupira Durtal, je suis bien obligé de vous répondre que vous voyez juste : mais, Monsieur l’abbé, il me semble que je n’aurais pas de telles désillusions à craindre, si, quand le moment que vous annoncez sera venu, vous me permettiez de me confesser à vous.

Le prêtre resta silencieux.

— Sans doute, fit-il, si je vous ai rencontré, c’est que, probablement, je dois vous être utile, mais j’ai l’idée que mon rôle se bornera à vous désigner la route ; je serai un trait d’union et rien de plus : vous finirez comme vous avez commencé, sans aide, seul ; l’abbé demeura rêveur, puis il secoua la tête ; — au fait, reprit-il, laissons cela, car nous ne pouvons préjuger les desseins de Dieu ; je vais me résumer plutôt : tâchez d’étouffer vos crises charnelles dans la prière ; il s’agit moins pour