Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/116

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Il se plaignait de ces égarements, de ces distractions, au prêtre qui lui répondait :

— Vous êtes sur le seuil de la vie purgative ; vous ne pouvez éprouver encore la douce et la familière amitié des oraisons ; ne vous attristez pas parce que vous ne pouvez refermer sur vous la porte de vos sens ; veillez en attendant ; priez mal, si vous ne pouvez faire autrement, mais priez.

Mettez-vous bien dans la tête aussi que ces troubles qui vous affligent, tous les ont connus ; croyez bien surtout que nous ne marchons pas à l’aveuglette, que la mystique est une science absolument exacte. Elle peut annoncer d’avance la plupart des phénomènes qui se produisent dans une âme que le Seigneur destine à la vie parfaite ; elle suit aussi nettement les opérations spirituelles que la physiologie observe les états différents du corps.

De siècles en siècles, elle a divulgué la marche de la grâce et ses effets tantôt impétueux et tantôt lents ; elle a même précisé les modifications des organes matériels qui se transforment quand l’âme tout entière se fond en Dieu.

Saint Denys l’Aréopagite, saint Bonaventure, Hugues et Richard de Saint-Victor, saint Thomas D’Aquin, saint Bernard, Ruysbroeck, Angèle de Foligno, les deux Eckhart, Tauler, Suso, Denys le Chartreux, sainte Hildegarde, sainte Catherine de Gênes, sainte Catherine de Sienne, sainte Madeleine de Pazzi, sainte Gertrude, d’autres encore ont magistralement exposé les principes et les théories de la mystique ; elle a, enfin, trouvé, pour résumer ses exceptions et ses règles, une psycho-