Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/124

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pelles, que ces prières, que ces lectures occupaient sa vie désœuvrée et qu’il ne s’ennuyait plus.

J’y aurai toujours gagné des soirs pacifiques et des nuits calmes, se disait-il.

Il connaissait maintenant les attendrissantes aides des soirées pieuses.

Il visitait Saint-Sulpice, à ces heures où, sous la morne clarté des lampes, les piliers se dédoublent et couchent sur le sol de longs pans de nuit. Les chapelles qui restaient ouvertes étaient noires et devant le maître-autel, dans la nef, un seul bouquet de veilleuses s’épanouissait en l’air dans les ténèbres comme une touffe lumineuse de roses rouges.

L’on entendait, dans le silence, le bruit sourd d’une porte, le cri d’une chaise, le pas trottinant d’une femme, la marche hâtée d’un homme.

Durtal était presque isolé dans l’obscure chapelle qu’il avait choisie ; il se tenait alors si loin de tout, si loin de cette ville qui battait, à deux pas de lui, son plein. Il s’agenouillait et restait coi ; il s’apprêtait à parler et il n’avait plus rien à dire ; il se sentait emporté par un élan et rien ne sortait. Il finissait par tomber dans une langueur vague, par éprouver cette aise indolente, ce bien-être confus du corps qui se distend dans l’eau carbonatée d’un bain.

Il rêvait alors au sort de ces femmes éparses, autour de lui, çà et là, sur des chaises. Ah ! les pauvres petits châles noirs, les misérables bonnets à ruches, les tristes pèlerines et le dolent grénelis des chapelets qu’elles égouttaient dans l’ombre !

D’aucunes, en deuil, gémissaient, inconsolées en-