Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/159

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d’épingles et couchait sur des tessons de verres ; mais toutes ces épreuves ne sont rien en comparaison de celles que s’infligea une Capucine, la vénérable mère Passidée de Sienne.

Celle-là se fustigeait à tour de bras avec des branches de genièvre et de houx, puis elle inondait ses blessures de vinaigre et les saupoudrait de sel ; elle dormait, l’hiver, dans la neige ; l’été sur des touffes d’orties, sur des noyaux, sur des balais ; se mettait des dragées de plomb chaud dans ses chaussures, s’agenouillait sur des chardons, sur des épines, sur des râpes. En janvier, elle rompait la glace d’un tonneau et se plongeait dedans ou bien elle s’asphyxiait à moitié, en se faisant pendre, la tête en bas, au tuyau d’une cheminée, dans laquelle on allumait de la paille humide, et j’en passe ; eh bien fit l’abbé, en riant, je crois que si vous aviez à choisir, vous aimeriez encore mieux les mortifications que s’imposait Benoît Labre.

— J’aimerais surtout mieux rien du tout, répondit Durtal.

Il y eut un instant de silence.

Durtal repensait aux Bénédictines ; — mais, reprit-il, pourquoi font-elles insérer dans la « Semaine religieuse, » après leur titre de Bénédictines du Saint-Sacrement, cette mention : « Monastère de Saint Louis du Temple. »

— Parce que, répliqua l’abbé, leur premier couvent a été fondé sur les ruines mêmes de la prison du Temple qui leur furent concédées par ordonnance royale, lorsque Louis XVIII revint en France.

Leur fondatrice et leur supérieure fut Louise Adélaïde de Bourbon Condé, une malheureuse et nomade prin-