Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/173

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éternelle à laquelle le céleste Epoux la convie et, dans cet heureux accroissement du troupeau confié à vos soins, puisez un nouveau motif de sollicitude maternelle. Que la paix du Seigneur demeure avec vous ! »

Et ce fut tout ; les religieuses, une à une, se retournèrent et disparurent derrière le mur, tandis que la petite les suivait comme un pauvre chien qui accompagne, tête basse, à distance, un nouveau maître.

La porte replia ses battants.

Durtal restait abasourdi, regardait la silhouette de l’évêque blanc, le dos des prêtres qui remontaient pour célébrer le Salut dans l’église ; et derrière eux venaient, pleurant, la figure dans leur mouchoir, la mère et la sœur de la novice.

— Eh bien ? Lui dit l’abbé, en glissant son bras sous le sien.

— Eh bien, cette scène est, à coup sûr, le plus émouvant alibi de la mort qui se puisse voir ; cette vivante qui s’enfouit elle-même dans la plus effrayante des tombes — car dans celle-là la chair souffre encore — est admirable !

Je me rappelle ce que vous m’avez vous-même raconté sur l’étreinte de cette observance et je frémis, en songeant à l’Adoration perpétuelle, aux nuits d’hiver où une enfant, telle que celle-ci, est réveillée, au milieu de son premier sommeil, et jetée dans les ténèbres d’une chapelle où elle doit, sans s’évanouir de faiblesse et de peur, prier seule, pendant des heures glacées, à genoux sur une dalle.

Qu’est-ce qui se passe dans cet entretien avec l’inconnu, dans ce tête à tête avec l’ombre ? Parvient-elle