Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/192

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meure dans la pénombre et la fin du Pater, le « Ne nos inducas in tentationem » la met en fuite.

Voilà un fait insolite et précis pourtant ; pourquoi douter alors que je puisse être mieux soutenu à la Trappe, que je ne le suis à Paris même ?

Restent la confession et la communion.

La confession ? — Elle sera ce que le Seigneur voudra qu’elle soit ; c’est lui qui me choisira le moine ; moi, je ne peux que me laisser servir ; et puis, plus ce sera rêche et mieux ça vaudra ; si je souffre bien, je me croirai moins indigne de communier.

Le point le plus douloureux, reprenait-il, c’est celui-là : communier ! — Raisonnons pourtant ; il est certain que je serai turpide, en proposant au Christ de descendre ainsi qu’un puisatier dans ma fosse ; mais si j’attends qu’elle soit vide, jamais je ne serai en état de le recevoir, car mes cloisons ne sont pas étanches et toujours des péchés s’y infiltrent par des fissures !

Tout bien considéré, l’abbé était dans le vrai lorsqu’il me répondit un jour : mais, moi non plus, je ne suis pas digne de L’approcher ; Dieu merci, je n’ai pas ces cloaques dont vous me parlez, mais, le matin, quand je vais dire ma messe et que je songe aux poussières de la veille, pensez-vous donc que je n’aie point de honte ? Il convient, voyez-vous, de toujours se reporter aux Evangiles, de se répéter qu’Il est venu pour les infirmes et les malades, qu’il veut visiter les péagers et les lépreux ; enfin, il faut se convaincre que l’eucharistie est une vigie, est un secours, qu’elle est accordée comme il est écrit dans l’ordinaire de la Messe : « ad tutamentum mentis et corporis et ad medelam percipiendam » ; elle