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DEUXIÈME PARTIE




I



Durtal se réveilla, gai, alerte, s’étonna de ne point s’entendre gémir, alors que le moment de partir pour la Trappe était venu ; il était incroyablement rassuré. Il tenta de se recueillir et de prier, mais il se sentit plus dispersé, plus nomade encore que d’habitude ; il demeurait indifférent et inému. Surpris de ce résultat, il voulut s’ausculter et palpa le vide ; tout ce qu’il put constater, c’est qu’il se détendait ce matin-là, dans une de ces subites dispositions où l’homme redevient enfant, incapable d’attention, dans un de ces moments où l’envers des choses disparaît, où tout amuse.

Il s’habilla à la hâte, monta dans une voiture, descendit en avance à la gare ; là, il fut pris d’un accès de vanité vraiment puérile. En regardant ces gens qui parcouraient les salles, qui piétinaient devant des guichets ou accompagnaient, résignés, des bagages, il ne fut pas éloigné de s’admirer. Si ces voyageurs qui ne s’intéressent