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durant le Carême, ce repas est reculé jusqu’à 4 heures. De Pâques au 14 Septembre où le jeûne Cistercien est moins rigide, le dîner a lieu vers 11 heures 1/2 et l’on peut y ajouter le mixte, c’est-à-dire une légère collation le soir.

— C’est effrayant ! travailler et, pendant des mois, ne s’alimenter qu’à deux heures de l’après-midi, alors qu’on est debout depuis deux heures du matin et que l’on n’a pas dîné la veille !

— Aussi est-on, parfois, obligé d’élargir un peu la règle et lorsqu’un moine tombe en faiblesse, on ne lui refuse pas un morceau de pain.

Il faudra bien, du reste, continua M. Bruno d’un ton pensif, que l’on desserre davantage encore l’étreinte de ces observances, car cette question de la table devient une véritable pierre d’achoppement pour le recrutement des Trappes ; des âmes qui se plairaient dans ces cloîtres sont forcées de les fuir, parce que le corps qu’elles traînent après elles ne peut s’accoutumer à ce régime[1].

— Et les Pères mènent la même existence que les convers ?

  1. L'opinion de M. Bruno a été récemment adoptée par tous les abbés de l'ordre. Dans un chapitre général des Trappes tenu, du 12 au 18 septembre 1894, en Hollande, à Tilburg, il a été décidé qu'en dehors des temps de jeûne, les moines goûteraient le matin, dîneraient à onze heures et souperaient le soir.
    L'article CXVI des nouvelles constitutions, votées par cette assemblée capitulaire et approuvées par le Saint Siège, est, en effet, ainsi conçu :
    « Diebus quibus non jejunatur a Sancto Pascha usque ad Idus Septembris, Dominicis per totum annum et omnibus festis Sermonis aut feriatis extra Quadragesimam, omnes monachi mane accipiant mixtum, hora undecima prandeant et ad seram cœnent. »