Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rappelle un passage qui me semble plus spécial, plus personnel. Attendez…

Et l’oblat compulsa quelques pages. Le voici :

« L’âme spiritualisée ne paraît pas exposée à la tentation proprement dite, mais par une permission divine, elle est appelée à se frotter au Démon, esprit contre esprit… Le contact du Démon est alors perçu à la surface de l’âme, sous la forme d’une brûlure tout à la fois spirituelle et sensible… Si l’âme tient bon dans son union avec Dieu, si elle est forte, la douleur quoique très vive est supportable, mais si l’âme commet quelque légère imperfection même intérieure, le Démon avance d’autant et porte son horrible brûlure plus avant, jusqu’à ce que, par des actes généreux, elle ait pu le repousser plus au dehors. »

Cet effleurement satanique qui produit un effet presque matériel sur les parties les plus intangibles de notre être est, vous l’avouerez, pour le moins curieux, conclut l’oblat, en fermant le volume.

— La mère sainte Cécile est une stratégiste remarquable d’âme, fit le Prieur, mais… mais… cette œuvre qu’elle a rédigée pour les filles de son abbaye contient, je crois, quelques propositions téméraires qui n’ont pas été lues sans déplaisir à Rome.

Pour en finir avec nos pauvres richesses, reprit-il, nous n’avons de ce côté - et il désigna une partie des bibliothèques qui couvraient la pièce - que des ouvrages de longue haleine, le Ménologe Cistercien, la Patrologie de Migne, des dictionnaires d’hagiographie, des manuels d’herméneutique sacrée, de droit canon, d’apologétique chrétienne, d’exégèse biblique, les œu-