Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/117

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désignée par ses attributs ordinaires, l’épée et la roue, sainte Catherine d’Alexandrie, serrée dans un corsage d’hermine à manches d’un olive éteint sur lequel était jeté un manteau d’un bleu épaissi par la crème d’un blanc.

Sainte Venisse avait les yeux baissés sur son livre  ; saint Guille regardait fixement devant lui, sans voir  ; ils étaient exsangues et dolents  ; quant à sainte Catherine, elle avait la tête d’une décapitée qui se survit et souffre encore.

Enfin, en bas, au premier plan, deux donateurs à genoux, un bourgeois, les mains jointes, et une femme, emprisonnée dans une grande coiffe, et munie d’un eucologe. Cette figure-là, je l’ai déjà vue quelque part, se disait Durtal ; cette posture, ce genre de coiffe, ces traits communs de grosse matrone, me remémorent une sculpture du quinzième siècle, une Jeanne de Laval, du musée de Cluny. Il y a un air de parenté entre les deux femmes.

Maintenant, saint Guille est évidemment le saint Guillaume des bourguignons, mais qu’est cette Venisse, inconnue dans les tables des hagiologues ? Le nom est écrit en caractères gothiques au-dessus de son auréole. Faut-il lire à la place du v un d et croire alors que Denisse ou Denyse serait la sainte de ce nom qui fut suppliciée en Afrique, au cinquième siècle ? Je l’ignore ; ce qui est certain, par exemple, c’est que ces mélancoliques figures, subitement réveillées, ont gardé dans leur effacement quelque chose de spectral. Elles sont sorties de la tombe, mais les couleurs de la vie ne sont pas revenues encore.

Et il en était de même d’un fragment rencontré dans