Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/131

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« Dijon à travers les âges » sur ce Carmel. Ses moniales s’étaient établies en cette ville, au commencement du dix-septième siècle, sous la direction d’une discipline de sainte Térèse, Anne de La Lobère, sur la place charbonnerie  ; puis, elles avaient été transférées dans un autre local que la révolution convertit en une caserne ; elles avaient enfin échoué là, sur un boulevard Carnot, en face d’une Synagogue !

La providence les a sans doute placées exprès en cet endroit, ainsi que l’on plante des eucalyptus près des marais contaminés, pour en détruire les miasmes, se dit-il. Dijon ne s’en doute guère, mais c’est une bénédiction pour lui que cet humble cloître. Vient-on au moins, ici, de même qu’à Chartres où la porterie du carmel de la rue des jubelines était toujours pleine de braves gens en quête de prières, pour des enfants malades, pour des conversions, pour des tirages au sort, pour des vocations religieuses, pour tout ? Et de naïves paysannes, tirant leur porte-monnaie, en demandaient pour deux sous  ; et les bonnes Carmélites étaient si consciencieuses qu’après avoir récapitulé, chaque jour, les requêtes inscrites par sœur Louise, la tourière, elles récitaient une prière en plus de celles notées sur le registre, de peur que l’on eût oublié d’en marquer une !

Les saintes filles ! Mais, que je suis bête, s’exclama soudain Durtal ; je déambule dans le vide, je me plains de mes diffusions, je n’y découvre point de remèdes, et sainte Térèse a résolu cette question ! Il me revient, en effet, maintenant que je suis chez elle, d’avoir lu dans sa correspondance une lettre adressée à l’un de ses confesseurs, à Don Sanche, je crois, où elle lui dit en