Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/147

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le père Titourne est arrivé pendant l’introït et il a été forcé d’aller s’agenouiller devant l’autel jusqu’à ce que le père Abbé lui ait permis, en frappant avec son marteau sur le pupitre, de se relever et de lui expliquer les causes de son retard ; et il est probable que ses excuses n’ont pas été reconnues valables, car, au lieu de gagner sa stalle, il a occupé la dernière place, celle des retardataires, au chœur.

— Oh ! fit Durtal, le père Titourne qui est un peu toqué est coutumier du fait ; je confesse ma gaieté lorsque je vois ce grand diable qui a une calotte noire et une figure blême de pierrot, se précipiter, bride abattue, dans l’église. Il a une façon alors de secouer les manches de sa coule qui vole et l’entoure comme d’un tourbillon. L’on dirait d’un Debureau s’agitant dans un bain d’encre.

— Ce qu’il doit en subir des coulpes, celui-là !

— Comment cela ? demanda Mme Bavoil.

— Mais oui, deux fois par semaine, le lundi et le vendredi, chacun s’accuse devant le chapitre réuni des fautes commises contre la règle. Ces fautes sont, cela va de soi, légères. On se reproche de ne pas s’être courbé assez promptement au gloria des psaumes, d’avoir déchiré son vêtement ou renversé son encrier, vous voyez cela d’ici. Le Révérendissime inflige au délinquant une punition qui consiste généralement en une prière et en l’obligation de faire satisfaction au réfectoire, c’est-à-dire de venir s’agenouiller devant sa table où il l’immobilise plus ou moins longtemps, suivant la gravité du délit ; mais ici le bon père Abbé ne laisse pas ses enfants moisir sur le sol, car ils ont à peine fléchi le genou