Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/176

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— De fâcheuses nouvelles ?

— Oui, d’abord le père Philigone Miné a été frappé d’une attaque, ce matin ; le médecin de Dijon est venu ; il assure qu’il en réchappera mais que la tête, qui n’est déjà plus bien solide, y restera…

— Oh, le pauvre homme !

— Ensuite, le bruit court — et il est malheureusement sérieux — que le gouvernement va nous supprimer la cure du Val des Saints.

— Il va nommer un curé, ici !

— Oui.

— Mais, s’écria M. Lampre, l’église, qui est à la fois abbatiale et paroissiale, devra donc être scindée en deux : celle du curé, celle des moines ; c’est absurde !

— Hélas !

— Et le père Abbé que pense-t-il de cela ? demanda Durtal.

— Il est fort attristé, mais que voulez-vous qu’il fasse ? Il ne peut lutter contre la direction des cultes et contre l’Évêque !

— Ah ! l’Évêque est là-dedans !

— C’est-à-dire que, lui, subit aussi la volonté du gouvernement. Il n’aurait pas accompli ce changement de lui-même — il a la main forcée ; c’est du reste un homme âgé et infirme et qui ne veut pas d’ennuis.

— Vous savez, à propos, lança M. Lampre, le joli tour dont il fut victime, alors qu’il était encore grand vicaire dans une autre ville.

— Non.

— Un prêtre qui, à tort ou à raison, lui en voulait et l’accusait d’avoir trahi la cause des ordres religieux