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VII

L’hiver était venu ; le froid sévissait, terrible, au Val des Saints.

Malgré ses cheminées bourrées de bûches et la floraison de ses glaïeuls de feu qui poussaient en chantant, dans les cendres, la maison était froide car la bise pénétrait par tous les interstices des croisées et des portes. Les bourrelets, les paravents s’attestaient vains ; tandis que l’on se grillait les jambes, le dos gelait. Il faudrait luter toutes les ouvertures, les cacheter ainsi que des bouteilles, avec de la cire dans laquelle on aurait fondu du suif, grognait Durtal ; et Mme Bavoil répondait placidement : calfeutrez-vous dans des couvertures ; il n’est pas d’autre moyen pratique de se réchauffer, ici ; et elle donnait l’exemple, accumulant sur elle des cloches de jupes, s’embobelinant la tête dans des amas de bonnets et de fichus ; on ne lui voyait plus que le bout du nez ; elle avait l’air d’une samoyède ; il ne lui manquait que les patins qu’elle avait remplacés par d’énormes sabots, au bec retroussé comme une proue de barque.

Cependant, à force d’entasser, dès l’aube, dans l’âtre, des troncs d’arbres, les chambres, vers les fins d’après-