Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/186

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Cet office, composé tel que celui des Vêpres, avec les psaumes et les antiennes, un cantique de l’Ancien Testament, changé suivant les jours, puis les trois psaumes d’exaltation, que ne sépare aucune doxologie, le capitule, le répons bref, l’hymne différente, selon que l’on est en été, ou en hiver et enfin, à la place du magnificat, le Benedictus et son antienne, était un office superbe, supérieur à celui de Vêpres, en ce sens que ses psaumes avaient une signification précise que ne décidaient point ceux du service des soirs.

En dehors des psaumes de louanges qui avaient baptisé de leur nom les laudes, les autres faisaient tous, en effet, allusion au lever du soleil et à la résurrection du Christ ; et il n’était point de prière du matin plus concentrée, plus précise, plus belle.

Si Durtal avait jamais pu sérieusement douter de la puissance des oraisons liturgiques, il devait bien constater qu’elle existait en ce splendide office, car c’était, après l’avoir écoutée, une légèreté d’élans, une griserie d’âme, une sorte de mise en train pour participer plus activement à la sanctimonie du sacrifice, pour pénétrer plus de l’avant dans l’éloquent mystère de la messe.

Et à la fin des Laudes, dans le silence du chœur, tombé comme mort, avec ses moines agenouillés, la tête dans les mains ou le front poli par la lumière sur le pupitre, l’angélus dégageait du clocher ses trois volées de sons et alors, à leur dernier tire-d’ailes qui se prolongeait dans la nuit, tous se redressaient et les prêtres allaient se vêtir pour dire la messe. Les convers et parfois les novices les servaient ; et c’était souvent le père Abbé, assisté par deux moines, qui célébrait, au grand autel, la première.