Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et les pavés du chœur, l’autel, paré de candélabres et de plantes vertes, rutilait ; sur la table, les ornements sacerdotaux du père Abbé étaient rangés et les deux mitres, l’auriphrygiate et la précieuse, brasillaient, l’une du côté de l’épître, l’autre, du côté des évangiles, à chaque bout.

Le chœur était habillé de tentures blanches à franges et, à gauche, érigé sur trois degrés, le trône abbatial, la cathedra de velours rouge, surmontée d’un baldaquin, se détachait sur la draperie blanche, coupée, lucarnée, en quelque sorte, au-dessus du dossier, par un cartel figurant les armes de l’Abbé, peintes.

La place habituelle du révérendissime, un peu en avant des stalles de ses moines, était décorée de velours rouge, à crépines d’or, comme le trône ; et un prie-dieu attifé d’une étoffe verte, se dressait devant l’autel. — Oh, oh ! Se dit Durtal ; voici les signes des grands jours, car ici, le tapis de Smyrne et le prie-dieu vert constituent le summum de la hiérarchie des fêtes.

Les cloches sonnaient. Une file de religieux, en aube, le père prieur en tête, sortit de la sacristie et se dirigea vers la porte de l’église ouvrant sur le cloître, pour présenter l’eau bénite à l’Abbé. La nef s’emplissait de paysans ; le curé classait les enfants sur les bancs ; c’était dans l’église, un brouhaha de sabots et de bottes. M. Lampre perça la foule et vint s’installer près de Durtal. Le très noble baron des Atours, accompagné de sa famille, entrait. Il jetait un regard protecteur sur ces manants qui s’effaçaient devant lui ; sa face de vieux capitaine d’habillement s’abattit, une fois agenouillé, au premier rang des chaises, entre ses dix doigts qui bientôt se disjoignirent,