Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/207

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prononcé à l’italienne, en ous, « Corpus Christi » et le reste s’éteignait dans un vacarme de pas ; et revenu à sa place, Durtal oublia la liturgie, la messe, se bornant à implorer du seigneur le pardon de ses fautes et le bannissement de ses maux.

Il revint vaguement à lui alors que le père Abbé, mitré, debout, appuyé sur sa crosse, chantait la bénédiction pontificale :

— Sit nomen domini benedictum.

Et tous les moines répondaient :

— Ex hoc nunc et usque in saeculum.

— Adjutorium nostrum in nomine domini.

— Qui fecit coelum et terram.

— Benedicat vos, omnipotens Deus, Pater et Filius et Spiritus Sanctus.

Et à chaque nom des personnes invoquées, il traçait en l’air sur la foule un signe de croix, à droite, au milieu, à gauche, de l’autel.

Durtal, tandis que l’on préludait aux laudes, se retira. Il ne sentait plus ses pieds, tant il avait froid. Mme Bavoil vint le rejoindre avec les lanternes qu’ils allumèrent, à la sortie. La nuit était glaciale, la neige tombait. Attendez-nous ! — c’était Mlle de Garambois qui, emmitouflée de fourrures et accompagnée de son oncle, les appelait.

— Je vous emmène à la maison, reprit-elle, non pour souper, ce qui serait peu monastique, mais pour boire un verre de punch chaud, devant un bon feu.

Ils partirent, à la suite les uns des autres, par un sentier qui s’effaçait déjà sous la neige ; l’on apercevait dans toutes les directions des lumières qui couraient et,