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Vénérable Guillaume, envoyé de Cluny avec douze moines par saint Mayeul, parvint à désendormir ses religieux engourdis, dégénéra de nouveau lorsqu’il fut soumis au régime de la commende. Sa superbe collection de manuscrits s’émietta on ne sait où ; il fallut attendre la réforme de saint Maur pour réédifier de vrais moines et saint Bénigne eut alors d’infatigables érudits, tels que Dom Benetot, Dom Lanthenas, Dom Leroy qui exploitèrent les archives des abbayes de notre province, Dom Lanthenas surtout qui fut l’un des collaborateurs de Mabillon ; il est juste de noter aussi Dom Aubrey qui amassa des matériaux pour permettre au père Plancher d’écrire cette histoire de la Bourgogne dont 80 vous avez pu voir les solides in-folios dans notre bibliothèque.

Enfin, comme partout, la révolution détruisit le monastère ; l’église fut seule épargnée, mais quelle drôle d’idée que d’avoir été couvrir ses tours de tuiles de couleurs qui lui donnent l’aspect d’une sparterie ! — Ce qui vaut mieux, par exemple, c’est d’avoir rétabli la crypte que l’on découvrit, un beau jour, en creusant le sol.

Pour nous autres Bénédictins, c’est un lieu bénit, un lieu de pèlerinage que cette cathédrale. L’apôtre de la Bourgogne, le disciple de saint Polycarpe qui l’a baptisée de son nom, saint Bénigne, ne nous est pas très sûrement connu ; néanmoins, dans sa monographie de la cathédrale, l’abbé Chomton semble prouver que ce saint aurait subi le martyre, au commencement du troisième siècle. Les anciens hagiologues nous ont, en tout cas, conservé les détails de son supplice ; il aurait été écartelé à l’aide de poulies, on lui aurait enfoncé des alènes sous les ongles, on lui