Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/221

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vaisseau ; elle s’érigeait sur une église souterraine dont la forme reproduisait le t mystérieux d’ézéchiel, image encore imparfaite de la croix, et qui remémorait les temps antérieurs au messie, tandis que la nef, plus élancée, plus claire, représentait la lumière des évangiles, l’église du Christ ; et chaque nuit, pour confirmer le symbole, l’on descendait chanter matines dans la crypte, alors que les offices du jour se célébraient, au contraire, en haut, dans l’église.

Tout était à l’avenant ; les chapiteaux, les piliers, les statues s’associaient à l’idée générale de l’édifice. Ce furent les moines, qui les sculptèrent ; le nom de l’un d’eux, Hunald, nous est resté.

L’abbaye était immense ; après avoir essaimé plus de cent religieux dans diverses fondations, Guillaume en régissait autant à Saint Bénigne et, malgré la fatigue, malgré l’âge, il courait les routes pour régénérer les monastères en déshérence de Dieu. On le voit à Fécamp, à Saint-Ouen, au mont saint Michel, à saint Faron de Meaux, à saint Germain des Prés de Paris ; on le trouve, en Italie, à Saint-Fructuare où il adjoint à un couvent de Bénédictins un cloître de moniales ; on le rencontre partout jusqu’au moment, où épuisé par ces interminables voyages, il meurt en Normandie et, il y fut enterré dans l’abbaye de Fécamp.

Guillaume était un artiste, un érudit, un administrateur prodigieux et il était, ce qui est préférable encore, un admirable saint. Il faudra que je vous prête sa biographie écrite par l’abbé Chevallier ; mais je vous empêche d’aller à la messe et je me mets, moi-même, en retard. Mon dieu, ce que l’on devient bavard lorsque l’on se