Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/222

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fait vieux ! — adieu, mon cher enfant, priez bien la sainte vierge pour moi ; de mon côté, je la prierai, chez mes braves Carmélites, pour vous.

Durtal le regardait s’éloigner d’un pas encore alerte et il pensait : la belle existence que celle de ce bon moine, confinée dans l’étude et la prière ! Et quelle belle vie aussi que cette vie Bénédictine qui plane si haut, par-dessus les siècles et au delà des temps ; l’on ne peut vraiment s’acheminer vers le seigneur avec des mouvements plus chaleureux et des chants plus nobles ; cette vie réalise l’initiation la plus parfaite, ici-bas, de l’office des anges tel qu’il se pratique et tel que nous le pratiquerons, nous aussi, là-haut. On arrive, la marche terminée, devant Dieu non plus comme un novice, mais comme une âme qui s’est préparée par une étude assidue à la fonction qu’elle doit à jamais exercer dans l’éternelle béatitude de sa présence. Quelles sont les occupations si agitées, si vaines des hommes en comparaison de celle-là ?

Ce père de Fonneuve ! — je me rappelle cette impression que j’éprouvai tant de fois, pendant l’été ou l’automne, dans sa cellule, alors que les paléographes de Paris ou de la province, venaient le consulter sur certains points de l’histoire ecclésiastique ou sur l’authenticité de certains textes. J’évoquais très bien alors cette autre cellule où, à Saint-Germain Des Prés, Dom Luc d’Achery et son élève Mabillon discutaient avec leurs visiteurs sur les bases de la diplomatique, sur la véracité de telles chartes ou la valeur de tels sceaux. Le P. de Fonneuve est aussi savant que Dom Luc d’Achery, mais quel est celui de ses élèves qui ressemble même de loin à Mabillon,