Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/224

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de gauche, se dressait une croix gigantesque, vert bouteille, sur laquelle un christ, teint en gris, était couché et deux anges se tenaient, de chaque côté, montrant au sauveur un acte de consécration au sacré-cœur et un plan d’église.

En résumé, autant cette cathédrale était intéressante par les souvenirs monastiques qu’elle émouvait, autant elle était inerte au point de vue de l’art ; elle ne valait sûrement pas cette bâtisse en rotonde édifiée par le vénérable Guillaume et deux de ses anciens bas-reliefs, relégués au musée archéologique de la ville, étaient d’une autre envergure que ce tympan de Bouchardon, emprunté à la vieille église de saint étienne, et qui la décore aujourd’hui !

Durtal s’installa pour entendre la messe que l’on sonnait ; il avait beau la connaître par cœur, cette messe ne parvenait pas à le déravir ; la vérité était que cette fête de l’épiphanie lui était plus suggestive que toute autre.

Que ce fût l’époque ou non de la célébrer, il y revenait sans cesse, car outre la manifestation des rois mages et le souvenir du baptême de Jésus dans le Jourdain, l’église devait remémorer, en l’exaltant, le miracle des noces de Cana.

Ce miracle, lorsqu’il y réfléchissait, lui suscitait de longues rêveries.

Il est, en effet, le premier qu’ait accompli le Christ, et le seul qui ait pour cause un épisode joyeux, car tous ceux qui lui succédèrent ont été effectués dans le but de parer à des besoins de nutriment, dans le but d’opérer des guérisons, d’alléger les douleurs, de tarir des larmes.

Jésus que l’on voit pleurer mais jamais rire dans les