Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/229

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de chenet et d’un lion de descente de lit et il semblait, en tirant la langue, surpris d’être traité avec aussi peu de ménagement par cet homme qui lui cravatait si étroitement le col. Hercule, lui, était énorme ; il avait le physique d’un auvergnat que l’alcool a rendu fou ; il arborait des muscles outrés et tendait sur des jambes nues et grosses, telles que des poutres, un formidable derrière, quelque chose comme des ballons accouplés, comme des montgolfières conjuguées de percale rose. Quant à la femme, habillée d’une robe abricot et d’un peplum groseille, elle roulait, en signe d’effroi, des yeux blancs et l’enfant pleurait convenablement des pilules d’étain, suivant la formule de l’odieux David dont ce peintre était l’élève. Ah ! Ce Devosge, quel pleutre redondant, quelle ganache épique !

L’élément moderne du musée était donc inavouable et pourtant, dans cet amas de phénomènes biscornus et de pannes baroques, un tableau superbe surgissait sur un mur « l’Ex Voto » d’Alphonse Legros.

Il s’ordonnait ainsi :

Neuf femmes priaient devant un petit Calvaire, dans un paysage de tapisserie aux tons de laines demeurées vives. Sur ces neuf femmes, sept étaient agenouillées, côte à côte ; et, au premier plan, une, debout, vêtue de blanc, feuilletait un volume, tandis qu’une autre, également debout, et couverte d’un chapeau de paille, au fond de la toile, portait un cierge.

Ces femmes, presque toutes âgées, étaient coiffées de bonnets blancs, accoutrées de toilettes de deuil avec les mains jointes, sous des mitaines noires.

Les visages et les mains de ces vieilles étaient d’une