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— Commencez votre noviciat, avait-il dit à Durtal, nous délibérerons après. Il sera d’un an et un jour, comme celui des moines ; vous suivrez, pendant cette année, les cours de liturgie de Dom Felletin et serez assidu aux offices. D’ici là, nous aurons bien découvert des renseignements et des textes que vous étudierez, vous-même, avec le maître des novices.

Et Durtal ayant accepté cette combinaison, toutes les fêtes servaient de prétextes pour l’inviter à dîner au monastère.

Le travail, les offices, les causeries, les recherches à la bibliothèque du cloître qui contenait près de trente mille volumes l’occupaient suffisamment pour qu’il ne pût s’ennuyer. Puis, certains jours où l’existence lui paraissait un peu lourd il prenait le tain pour Dijon ; d’autres fois, il se plaisait à rêvasser dans le jardin, dont une partie était restée, malgré les objurgations du jardinier, en friche ; et c’était une poussée d’herbes folles, de fleurs sauvages venues d’on ne sait où ; et Durtal s’amusait de ce fouillis de végétations, se bornant à arracher les orties et les ronces, les plantes hostiles, prêtes à étouffer les autres ; et il songeait, au printemps, à élaguer tout de même une partie de ces intruses pour organiser à leur place un jardin liturgique et un petit clos médicinal copié sur celui que Walhafrid Strabo avait autrefois planté dans les dépendances de son couvent.

Une seule chose laissait à désirer dans la solitude de son refuge, le service. La mère Vergognat, une paysanne du hameau, sa bonne, était au-dessous de tout. Indolente et soiffarde, elle aggravait la pitoyable qualité des comestibles par sa façon déréglée de les cuire ; elle ignorait