Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/234

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capuchon coupé suivant l’antique mode de Saint Maur ? N’était-ce pas Dom d’Auberoche, ce jeune, au cou dégagé, au contraire, par un capuchon moins ample, confectionné selon d’autres coutumes ? N’était-ce pas Dom Felletin, cet autre qui regardait à ses pieds, absorbé par une recherche ? N’était-ce pas aussi le premier chantre Ramondoux, ce gros, qui maniait un graduel, en ouvrant la bouche ? Seul le P. Abbé différait. Celui du Val des Saints n’était, ni impérieux, ni méfiant, mais si débonnaire et si franc !

En comparaison de ces figurines, les deux retables portatifs en bois, du quatorzième siècle, qui meublaient les parois de la salle, paraissaient inexperts et figés.

Il est vrai qu’ils étaient très retapés ; certaines même de leurs parties étaient modernes. Ils avaient été jadis exécutés par le flamand Jacques De Bars ou De Baerze, de Termonde.

Dans l’un, saint Antoine, jeune et imberbe, avait à ses côtés deux diables velus et bruns et une diablesse haut vêtue, avec des cornes sur la tête, des joues d’un rose de pomme d’api, et un nez retroussé dans une face ronde ; elle était une plantureuse servante d’auberge déguisée en reine, et qui ne semblait même point disposée à le tenter ; et le saint, sous les traits d’une inexpressive poupée, dressait, très calme, en l’air, deux doigts pour nous bénir.

Dans un autre compartiment du même retable, figurait une décollation de saint Jean-Baptiste avec une Hérodiade, couverte jusqu’au menton, comme la démone de saint Antoine, une Hérodiade ancillaire qui considérait avec indifférence de ses yeux bleus plus aptes à