Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/371

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comme pouvant à peine y croire, la triomphale nouvelle qu’il résumait, pour se la mieux attester, en une phrase claire et courte, celle de l’antienne de magnificat des deuxièmes vêpres : « Aujourd’hui, la Vierge Marie est montée dans les cieux ; réjouissez-vous car elle règne à jamais avec le Christ. »

Ah ! Seigneur, poursuivait Durtal, certainement lorsque j’invoque votre Mère, j’oublie à ce moment ses souffrances et ses liesses ; je ne vois plus qu’une mère à moi à qui je dis ce que je pense, à qui je raconte mes petites affaires, que je supplie de me tirer, moi et ceux auxquels je tiens, des mauvais pas ! Mais quand, sans avoir rien à lui demander, je songe à elle qui m’est si présente, si vivante, que je ne saurais vraiment passer deux heures sans me la remémorer, je me la figure toujours inquiète et tribulée ; je me l’imagine toujours sous l’aspect de Notre-Dame des larmes ! Que je la prenne de la présentation au Golgotha, je la vois, bien qu’elle ait la consolation de contempler votre présence visible et de vous adorer, pas heureuse. Le glaive de la compassion est là. Aujourd’hui, par un effort de volonté, j’arrive à la discerner autre ; si contente, malgré tout son dévouement et son amour du sacrifice, d’être enfin près de vous, à jamais sortie de peine, que je serais, s’il m’était possible de m’abstraire complètement de mes propres angoisses, vraiment joyeux. Oui, je me sentais allègre, en chantant le « Gaudeamus », en écoutant les offices que j’ai suivis de mon mieux ; moi, qui me disperse si facilement d’habitude, je n’ai été qu’avec vous, qu’avec elle dans cette journée de jubilation liturgique ; mais maintenant que les cierges sont éteints, que les chants