Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/375

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père-maître qui, l’apercevant, vint à sa rencontre.

— Quoi de neuf ?

— Rien.

— Le P. Abbé gardera-t-il des religieux dans le pays ? Je vous demande tout de suite cela, car cette question m’affole !

— Je l’ignore absolument et soyez sûr qu’à l’heure actuelle, le Révérendissime n’en sait, lui-même, rien. Pour être franc, je vous avouerai que la majorité du chapitre est hostile à ce projet, mais il se peut très bien que l’on soit obligé de l’adopter. Le château affermé en Belgique serait, paraît-il, insuffisant pour loger tous les moines. Il serait donc possible qu’en attendant qu’on pût l’agrandir, une petite colonie demeurât, pendant quelques mois encore, dans ce pays. En tout cas, il est d’ores et déjà convenu que, pour ne pas interrompre le service liturgique, deux ou trois des nôtres le continueront au Val des Saints et ils n’en partiront que lorsque les autres, arrivés à Moerbeke, auront recommencé l’office.

— Et alors ?

— Alors, la petite arrière-garde rejoindra le gros de la troupe.

— Et il ne me restera plus qu’à filer !

— Il est bien inutile de vous tourmenter d’avance ; s’il est nécessaire, comme je le crois, de bâtir une annexe au château que nous avons loué, vous avez du temps devant vous… le temps d’arrêter un plan et de se procurer de l’argent, le temps d’élever des constructions… bah ! Nous serons peut-être rentrés en France, avant ; les élections ne sont plus très éloignées et, après tout, il se peut qu’elles soient bonnes…