Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/392

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découvrir des proses et des tropes d’un art autrement ingénu et d’une saveur autrement mystique que ceux de ces séquences passe-partout dont notre diurnal est plein.

— Voyons, à défaut de variété, confessez au moins que, dispensées des frelatages inventés par les chimistes d’Urbain VIII, nos hymnes sont authentiques et qu’elles fleurent bon le terroir où elles poussèrent et le siècle où elles naquirent.

— Oui ; j’ai confronté, du reste, les deux textes, le véridique et le sophistique, dans ce petit livre de l’abbé Albin que vous m’avez prêté, « la poésie du bréviaire ». Ce volume est, dans son genre, après les deux tomes un peu massifs de l’abbé Pimont, une merveille de clarté concise avec ses textes comparés, ses variantes, ses traductions françaises, anciennes et modernes, ses notes de métrique et d’histoire. Comment n’est-ce pas un Bénédictin qui a entrepris et réussi un pareil travail ?

— Bon, voici l’attaque qui tourne ! s’exclama en riant, le P. Felletin. Vous lâchez prise sur l’office, afin de vous jeter sur les moines.

— Pour cela, père, je ne vous laisserai jamais tranquille, car j’enrage, aimant les Bénédictins comme je les aime, de voir qu’ils se désintéressent des labeurs qui leur appartiennent. Et le ménologe de la famille de saint Benoît ? Il n’est pas d’institut religieux qui n’ait le sien ; voyez les franciscains, les Dominicains, les carmes, tous ont écrit des ouvrages où sont plus ou moins brièvement narrées les vies de leurs bienheureux et de leurs saints ; vous, rien ! — Et, à ce propos, tenez, votre bréviaire est-il assez incomplet ! Vous y célébrez à peine les fêtes de quelques-uns