Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/400

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Mais, à dire vrai, la question est plus haute et elle remonte plus loin que ces dévotions d’origine récente ; depuis de longues années déjà, en France, la religion macère dans une mixture de ce vieux suint janséniste que nous n’avons jamais pu éliminer et de ce suc tiède que les jésuites nous injectèrent, dans l’espoir de nous guérir. Hélas ! Le remède n’a pas agi et ils ont ajouté à un desséchant, un déprimant. Le bégueulisme imbécile, la peur de notre ombre, la haine de l’art, l’incompréhension de tout, l’inindulgence pour les idées des autres, nous les devons aux disciples de Jansénius, aux appelants. La passion des dévotionnettes, la prière sans liturgie, la suppression des offices soi-disant compensés par de grands saluts en musique, le manque de nourriture substantielle, le régime lacté des âmes, c’est des pères de la compagnie de Jésus que nous les tenons. Les idées de ces irréconciliables ennemis ont fini par se fondre dans nos âmes, en cet étrange amalgame d’intolérance sectaire et de pieusarderie féminine dans lequel nous nous désagrégeons.

Certes, maintenant qu’on les traite en parias, je plains les jésuites qui sont de braves et de saintes gens et comptent parmi eux des conducteurs d’âme et des savants fort supérieurs, entre nous, à ceux des autres ordres. Mais quoi ? Quel a été le résultat de leur éducation ? Des trouillot, des monis ou alors de fades jeunes gens qui se cachent plus que les autres pour courir la gueuse, mais qui seraient incapables de risquer une torgnole pour protéger leurs maîtres ou défendre l’Eglise.

L’expérience est acquise. Aucun homme de surprenante valeur n’est sorti de ces manutentions ; elles