Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/402

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par autre chose. Pas plus que l’Eglise, l’idée monastique ne peut périr, mais elle peut se modifier. Ou il créera des instituts nouveaux plus en accord avec les données de notre temps, ou il greffera sur les anciens de nouvelles branches ; nous verrons sans doute un développement des affiliations et des tiers-ordres qui, par leur devanture laïque, échappent aux contraintes des lois. Je ne suis point inquiet, à ce point de vue, la sainte vierge saura bien, quand elle le voudra, grouper les gens.

Là-dessus, je vous souhaite le bonsoir et je m’en vais à l’abbaye dire adieu au P. de Fonneuve qui part, ce soir, pour la Belgique et assister à la dernière prise de coule qui aura lieu, après les Vêpres.

— Qui prend la coule ?

— Un jeune séminariste novice, le frère Cholet.

— Vous le connaissez ?

— Non, je sais seulement qu’il est poitevin, ce qui n’est pas précisément une recommandation, car s’il a les vices de son pays d’origine, il sera singulièrement musard et sournois ; enfin, espérons que celui-ci, en n’étant pas un propre à rien, fera exception à la règle de sa race.

Lorsque Durtal pénétra dans le cloître, il fut assourdi par les coups de marteaux qui frappaient de toutes parts. Leur vacarme sortait, à tous les étages, par toutes les fenêtres. L’on clouait partout des caisses. La salle des hôtes dans laquelle il entra était bourrée, du plancher au plafond, de tables de bois blanc, les pieds en l’air, de bureaux d’écoliers peints en noir, de tabourets raccommodés, de chaises de paille ; c’était pitié que de voir la misère de ce mobilier dont le plus indigent des ouvriers n’eut pas voulu !