Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/408

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de mon loyer, ni d’enfants ; je n’ai pas à porter, la nuit, le viatique, souvent au loin ; j’ignore les arias de l’existence ; et je pense qu’en échange de tant de tracas supprimés, je n’ai pas donné grand’chose à Dieu…

Il me semble, pour tout dire, que j’ai tiré mon épingle des holocaustes.

— Oh ! père, vous biaisez, s’exclama Durtal ; vous avez travaillé, toute votre vie, sans jamais prendre aucun repos. Et l’existence en commun si pénible et que tous les autres évitent, et les levers à quatre heures, l’hiver, et les longs offices dans une église froide, et le manque de liberté, et les mortifications dont vous ne parlez pas !

— Mais c’est l’enfance de l’art du seigneur, mon cher ami ; moi, je vois clair, je me suis, personnellement, beaucoup trop écouté ; quand je me sentais un peu souffrant, je m’imaginais de faciles excuses pour ne pas descendre à Matines !

— Vous, fit M. Lampre, c’est le P. Abbé qui à dû vous interdire, à certains moments, d’être présent à l’office de nuit ; vous défailliez de faiblesse dans le chœur et l’on était obligé de vous remonter dans votre cellule.

— Il est évident, reprit le moine qui ne les écoutait pas, que nous manquons de vie intérieure dans nos cloîtres ; nous nous figurons que lorsque nous avons récité l’office, nous sommes quittes avec Dieu ; c’est là une sérieuse erreur ; il faut aussi travailler et souffrir et nous paressons et nous ne nous immolons pas. Où est dans tout cela la sainte folie de la croix ?

— Ah çà, père, répliqua M. Lampre, sauf votre respect, vous vous moquez de nous. Vous êtes couvert