Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/432

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ouvrir les yeux, pour essayer de se rendormir, pour ne pas rentrer encore dans l’odieuse réalité, pour oublier ; mais c’était peine perdue ; le rappel de la vie sonnait la diane de ses maux et le jetait, éperdu, sur son séant. Il allumait au plus vite pour chasser les idées noires, mais la panique des futures épreuves soufflait en tempête ; le déclic était parti, la mécanique de l’imagination se déroulait à toute vapeur. Il tentait, pour se ressaisir, de réciter un chapelet, mais les grains coulaient entre ses doigts, sans que la pensée, pivotant sur la même piste, pût les écouter.

Quatre heures sonnaient et c’était affreux. L’on n’entendait plus rien, après le dernier coup. Les cloches de l’abbaye ne volaient plus depuis le départ du noviciat et les cent tintements, qui annonçaient la descente à l’église, se taisaient ; l’angelus restait muet aussi ; c’était la mort de l’air.

Et quand il s’était bien remâché ses ennuis et ses craintes, Durtal s’exaspérait contre ces catholiques qui continuaient de s’amuser, de vivre comme si de rien n’était, alors que l’on chassait les moines ! Les journaux, tels que le Gaulois, qui racontaient les dîners, les réceptions, les bals, ne permettaient de garder aucun doute sur la navrante inconscience de ces gens.

Les pauvres religieux, qui s’en occupait ? Sinon, pour les exterminer, les soldés du panama et les mis à prix des chambres.

J’ai bien peur, soupirait Durtal, que la mère Bavoil n’ait raison lorsqu’elle prédit d’épouvantables châtiments ; ce que la patience de Dieu doit être à bout ! D’ailleurs, rien ne tient plus ; tout s’écroule ; c’est la faillite dans